Que ressentons-nous lorsque nous fermons les yeux ? Accepter de se détourner quelques instants de la dominance de la vue permet à nos autres sens de se révéler. Le toucher peut alors apparaître dans son étendue présence : il permet notre ressenti corporel, il nous connecte charnellement au monde nous entourant, il nous offre la rencontre chaleureuse avec autrui. Mieux connaître les bénéfices du toucher nous permettra peut-être, même lorsque nous aurons les yeux ouverts, de conserver du soin pour ce sens vital, constitutif de notre bien-être, de notre santé, de nos relations.
La main est souvent la représentation qui vient spontanément à notre esprit lorsque nous évoquons le toucher. Main qui touche, contacte, identifie, manipule, etc. Un toucher alors très actif. Cette image du toucher est toutefois trompeuse, car le toucher est avant tout un sens passif qui nous permet de ressentir avec notre corps tout entier le monde entrant en contact avec nous : pression du sol sur nos pieds, poids et texture des habits, mouvement du vent sur la peau et les poils, chaleur du soleil ou fraîcheur de l’air.
Le toucher est le premier sens que nous développons : dès la septième semaine de gestation le fœtus peut ressentir son environnement amniotique, puis, à partir de la dixième ou douzième semaine il-elle commence à toucher son propre corps et faire ses premières explorations tactiles (3).
Ainsi, nos toutes premières expériences sensibles furent tactiles, elles se sont passées dans le monde prénatal et ont façonné les êtres que nous sommes devenus. Quelle empreinte cette expérience fondatrice a-t-elle laissé en nous ?
" Sans la douceur de ce toucher originel nous ne serions pas au monde. Sans doute dort-il dans chacune de nos cellules, nous invitant au retour impossible à ce monde perdu qui fut, bien avant les bras maternels, un bercement. Le monde de l’enfance la prolonge, c’est pourquoi l’image d’un petit enfant qui dort est l’une des images universelles de la douceur, comme si alors l’aura d’innocence et l’infini même du corps, de la peau, la confiance et l’abandon total dont fait preuve ce corps nous renvoyaient à cet abandon premier d’où nous venons. "
Anne Dufourmantelle, Puissance de la douceur (4)
A la naissance, le toucher prend une importance vitale pour le nourrisson et le contact peau à peau avec le-la nouveau-né-e est nécessaire à sa santé (5). Ce besoin tactile est particulièrement évident chez les enfants prématurés-es : la méthode kangourou - un soin qui consiste à donner dès la naissance plus de huit heures par jour de contact peau à peau avec la mère, le père ou des proches se relayant - favorise la croissance et fait chuter le taux de mortalité des nouveau-nés-es prématurés-es de 32% en moyenne durant leur premier mois de vie (6). De manière similaire, les contacts peau à peau dans les massages aux enfants prématurés-es sont bénéfiques à leur croissance (7).
L’importance vitale du toucher pour le développement concerne également les enfants plus âgés-es. On prit historiquement conscience de ce besoin lorsqu’au siècle passé on observa des problèmes de croissance dans de nombreux orphelinats. Ce retard de croissance spécifique que l’on appelle nanisme psychosocial n’est dû ni à un problème de malnutrition, ni à de mauvais soins médicaux, mais à l’absence de soins chaleureux (8). Ces manques affectifs péjorent la croissance physique tout comme le développement cognitif et la santé future de l’enfant. Le toucher fait partie des soins essentiels dont ces enfants ont manqué : lorsqu’il est présent, le toucher positif soutient l’enfant dans la régulation de son stress, une condition nécessaire à son bon développement, ceci tout particulièrement lors des périodes développementales critiques (9).
Au début de sa vie, le-la nouveau-né-e est entièrement dépendant-e de la personne lui prodiguant des soins pour satisfaire ses besoins physiologiques – contre le froid, la faim, la douleur notamment – et ces soins lui sont majoritairement donnés par le toucher. En prenant ainsi soin d’un-e enfant le parent agit comme un régulateur externe de ses besoins physiologiques (10). Ce rôle régulateur porté par le toucher va se maintenir tout au long de la vie : même chez les adultes devenus-es autonomes, être touché-e restera un moyen privilégié pour réguler ses états internes (11).
La raison principale en est son important effet sur le stress : le toucher a un effet régulateur puisqu’il permet d’atténuer le stress ; il a également un effet protecteur puisque les personnes ayant eu des expériences de toucher positif aux âges clefs de leur vie ont une meilleure résilience générale au stress (9). En considérant pleinement la diversité et le poids des effets délétères du stress sur la santé physique et psychique (12) on peut mieux peser l’importance du toucher pour maintenir notre équilibre de santé.
Une importante littérature scientifique met en relief le rôle bénéfique du toucher tout au long de la vie (13 ; 14). Cela a été particulièrement étudié pour les massages thérapeutiques et les effets bénéfiques observés sur une importante variété de problèmes de santé physiques et psychiques conduisent à intégrer davantage les massages thérapeutiques dans les pratiques médicales contemporaines (15).
Pourquoi le toucher est-il aussi performant pour réguler notre stress ? Pour comprendre cet aspect essentiel du toucher, il est nécessaire de le resituer dans sa fonction sociale.
Le rôle du toucher dans la régulation du stress est lié aux fonctions sociales du toucher (16). Les primatologues nous aident à comprendre ce lien en étudiant le toilettage qui revêt une importance unique chez les grands primates.
Durant une séance de toilettage le toucher déclenche une réponse neuro-hormonale: la production d’endorphines et d’ocytocine génère un état de calme et de contentement qui a pour effet de créer un lien de confiance entre les partenaires de toilettage. Cette confiance va engendrer des alliances fortes et durables – des amitiés - qui vont permettre par exemple l’entraide nécessaire face à une agression (17).
Les grands primates ont vie sociale longue et complexe qui nécessite de nombreuses habiletés cognitives. L’hypothèse du cerveau social explique la taille importante du cerveau chez les grands primates – dont l’être humain – par les besoins cognitifs nécessaires à la création et au maintien des liens sociaux. Au sein de cette complexité sociale, le toucher agit comme un facilitateur essentiel en soutenant hormonalement les relations nécessaires au bien-être des individus tout comme à la cohésion du groupe : la réaction hormonale déclenchée par le toucher soutient la réduction du stress lié aux inévitables conflits de la vie en groupe (18).
Chez l’être humain également on constate les bénéfices du toucher sur la cohésion, notamment par l’atténuation du sentiment d’exclusion sociale (19). Ainsi le toucher, par son effet bénéfique sur l’attachement et sur le stress, articule de manière unique la régulation physiologique et la régulation sociale.
Le toucher est aussi influencé par notre environnement culturel. Chaque groupe, chaque société, chaque époque porte en effet un regard moral différent sur le toucher : quel toucher est acceptable, quel toucher ne l’est pas ?
Ainsi, quelle que soit la société ou l’époque, toucher est toujours associé à des interdits. Ces interdits sont enseignés dès l’enfance, souvent sans mots, et à travers l’éducation de nos sens nous recevons un héritage culturel marqué par les restrictions du toucher. Celles-ci vont façonner notre rapport au toucher et notre manière d’entrer en contact avec le monde : notre sociabilisation en est conditionnée (20).
" Le toucher se tient entre exigence de respect et désir d’entrer en relation : il s’agit de frontières physiques, sociales et mentales. Les sensations alertent que des limites risquent d’être franchies au point de menacer l’intégrité ou la pudeur qui est historiquement variable. "
Anne Vincent-Buffault, Histoire sensible du toucher (20, p. 14)
Une complication majeure de cet héritage est la confusion qu’il nous transmet sur les formes de toucher négatif et positif alors même qu’ils ont des effets diamétralement opposés : des formes de toucher positif ont été tabouisées et sont devenues honteuses alors même que des formes de toucher négatifs avec des conséquences désastreuses sur le développement et le bien-être de l’individu sont encore tolérées.
Certains milieux professionnels tels que l’éducation, le soin, la psychothérapie, mettent aujourd’hui en réflexion cette distinction afin de clarifier la nécessité et les conditions d’un toucher positif (21). Ainsi émerge l’importance de l’individualisation du toucher : chacun-e de nous réagit différemment au toucher en fonction de son parcours de vie, de sa culture, du lien avec la personne, de la situation sociale, de l’endroit du corps touché, de la qualité du toucher, etc. Chaque situation est spécifique et la relation par le toucher demande une véritable intelligence sensible : une intelligence qu’Aristote nomme tact (22) et qui nous permet de s'accorder de manière authentique avec autrui dans la situation unique partagée.
Redonner une juste place au toucher dans sa vie a des impacts bénéfiques sur notre bien-être, notre santé, nos relations. Aménager cet espace du toucher est une réflexion personnelle mêlée de sensibilités et d’aspirations, elle questionne la place que nous souhaitons faire à la chaleur humaine dans nos vies.
L’un de nos besoins vitaux à la naissance est le maintien de notre chaleur corporelle (23) : en quittant l’environnement intra-utérin le-la nouveau-né-e rentre dans un environnement bien plus froid et, sans soins adaptés, il-elle pourra perdre 2° à 4° de température corporelle dans les minutes suivant la naissance. Cette perte de chaleur peut entraîner une importante perturbation des fonctions métaboliques dont les conséquences peuvent être mortelles. Le nourrisson pourra alors avoir un appétit de chaleur et la trouver dans le contact peau à peau.
Bien plus tard dans la vie, le contact humain restera pour l’adulte un synonyme de chaleur, et alors doté-e des mots il-elle décrira les relations positives comme chaleureuses. Cette description est bien plus qu’une métaphore puisqu’on observe grâce aux neurosciences que la sensation de chaleur corporelle et la sensation de chaleur interpersonnelle sont traitées par la même structure cérébrale : l’insula. Ceci entraîne des conséquences sur notre comportement : par exemple, l’augmentation de notre sensation de chaleur corporelle nous amène à considérer plus chaleureusement autrui, tout comme à être plus généreux-se avec sans que nous ayons conscience du lien (24).
Chaleur corporelle et chaleur relationnelle sont ainsi profondément associées. Ce même lien existe pour le froid : nous associons la sensation de solitude avec la sensation corporelle de froid. Des expériences suggèrent que lorsque nous éprouvons un sentiment d’exclusion sociale nous ressentons la température de notre environnement comme étant plus froid qu’il ne l’est vraiment (25). Surtout, nous pouvons atténuer le sentiment de solitude en augmentant la sensation de chaleur corporelle (26) : ainsi nous aurions tendance, de manière inconsciente, à rechercher dans la chaleur physique – douches, habits, radiateurs, etc. - la chaleur interpersonnelle nous manquant.
Le froid a mille façons de s’immiscer dans les relations et les échanges tactiles peuvent alors disparaître. Le froid peut alors nous prendre au piège dans un cercle néfaste : lorsqu’une personne se retire du toucher, l’autre personne aura tendance en réponse à également réduire son toucher. On observe en effet qu’une courte expérience de froid suffit à refroidir une personne et à diminuer sa confiance (28). Bien que de très nombreux autres facteurs influencent une relation et peuvent contrecarrer cet effet, il nous sera utile d’être conscient-e qu’en relation le froid peut parfois facilement surpasser le chaud. Faire le premier pas pourra alors ramener de la chaleur dans la relation et briser la glace.
Ainsi notre vie relationnelle navigue entre le chaud et le froid, et le toucher est un moyen privilégié pour insuffler une chaleur bénéfique aux relations.
Soutenir par le toucher une personne proche réduit sa sensation de douleur physique et réduit sa douleur psychologique. Mais l’effet du toucher auprès de personnes inconnues est quant à elle incertaine : l’expérience peut être apaisante ou se révéler stressante pour la personne touchée. Souvent donc, nous nécessitons un temps pour faire connaissance, pour s’accorder, avant de pouvoir entrer en contact tactile dans la relation (29).
Accolades, caresses, tenir la main, poser la main sur le bras ou l’épaule, masser, etc. : tous ces touchers, lorsqu’ils sont vécus comme appropriés et plaisants, ont des effets bénéfiques sur le bien-être et la santé humaine. Simples et plein de tact, ces gestes, en prenant place dans notre quotidien, atténuent durablement notre stress, augmentent notre capacité à traverser les situations difficiles, régulent notre équilibre physiologique, renforcent nos liens humains.
Dans les temps heureux tout comme dans les épreuves, le toucher possède des qualités uniques d’harmonisation. Le toucher réconfortant en est un exemple : quand plus rien ne peut être fait pour aider la détresse d’une personne, quand plus aucun mot ne peut être dit, par le toucher nous continuons d’apporter une présence empathique et réconfortante (30), une chaleur qui rappelle en la personne la confiance qu’elle n’est pas seule.
Tout au long de notre vie, le toucher exprime notre besoin fondamental d’être en lien : à travers le toucher nous communiquons notre envie et notre plaisir d’être auprès d’une personne. Le toucher aide alors chacun-e à prendre profondément conscience qu’il-elle est aimé-e.
Histoire sensible du toucher (livre) Anne Vincent-Buffault
Le pouvoir des caresses (Arte reportage)
La méthode kangourou (RTS podcast)
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